Le Marec, Joëlle, “Ce que le « terrain » fait aux concepts : Vers une théorie des composites” – Habilitation à diriger des recherches, Paris : Université Paris 7, 2001

9 décembre 2001 0 Par Joelle Le Marec

Habilitation à diriger des recherches soutenue à l’ Université Paris 7 (2001).

Sous la direction de M. le professeur Baudouin Jurdant (Université Paris 7)

Membres du jury :

  • Suzanne de Cheveigné
  • Jean Davallon
  • Elisabeth Fichez
  • Yves Jeanneret
  • Baudouin Jurdant
  • Isabelle Stengers

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Extrait :

La part communicationnelle de l’activité scientifique.
Du sexe, la pratique scientifique a retenu les rapports de valeur ambivalents entre ce qui est caché et ce qui est montré. La part d’implicite, une fois découverte et montrée, revêt le caractère attractif et scandaleux de ce qui n’aurait normalement jamais du être montré et qui est donc la vérité des choses. Les sociologues des sciences ont regardé dans les trous de serrure des laboratoires et y ont vu ce que les chercheurs cachaient aux autres. Nous voudrions ici déplacer un peu la frontière entre ce qui se montre et ce qui se cache, non pas pour dévoiler quelque chose, mais pour rendre discutable et explicite une part des opérations assumées implicitement dans la pratique de recherche.
L’objectif de ce texte rédigé à l’appui de la demande d’habilitation à diriger des recherches, est de présenter la communication comme élément de la pratique scientifique qui nécessite qu’on lui consacre des efforts et de la réflexion. Tout mon parcours de recherche, conscient ou conscientisé après coup, a consisté jusqu’ici à chercher comment penser la communication au sein de ma pratique de recherche.
En sciences de la communication, discipline à laquelle je suis rattachée, les pratiques de communication sont à la fois le dedans et le dehors de la pratique scientifique. Elles en sont le dedans à double titre : elles sont constituées en objet et constituent des techniques permettant d’étudier ces objets. Elles en sont le dehors car elles remplissent le quotidien de la circulation des savoirs communs sans aucun besoin ni souci de la référence à la scientificité : la communication est tout à la fois l’objet, la méthode, et l’extérieur de la méthode, le monde de sens commun contre lequel elle se pose.