Lefebvre, Muriel. Images, Écritures et Espace de médiation. Étude anthropologique des pratiques graphiques dans une communauté de mathématiciens. Thèse de Doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Strasbourg I, 2001.

8 décembre 2001 0 Par Muriel Lefebvre

Thèse soutenue le 8 décembre 2001.

Composition du jury :

Baudouin Jurdant, Université Paris VII (Directeur de thèse)
Karine Chemla, CNRS
Daniel Jacobi, Université d’Avignon (Rapporteur)
Yves Jeanneret, Paris IV (Rapporteur)
Norbert Schappacher, Université Strasbourg I (Rapporteur)

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Résumé :

Les chercheurs en mathématiques sont souvent embarrassés par la question des images. Ils en parlent de façon ambivalente tout en admettant les utiliser constamment. Les ressources visuelles interviennent en effet aussi bien dans la production et la transmission des connaissances — révélant par là même une signification cognitive et épistémique — que dans la constitution et le fonctionnement de communautés concrètes de chercheurs — s’inscrivant ainsi dans des processus de socialisation et de médiation.
Comment expliquer dans ces conditions une ambivalence qui semble à tout le moins paradoxale ?
On pourrait y voir l’influence d’une tradition formaliste qui a rejeté l’utilisation de ressources visuelles au profit de l’écriture formelle dans les procédés d’exposition et de validation des connaissances mathématiques. Mais cette explication paraît un peu courte, le formalisme ayant aujourd’hui perdu de sa suprématie.
Notre hypothèse est que les chercheurs ne sont généralement pas en mesure de prendre conscience du rôle de l’image dans leurs activités tant conceptuelles que communicationnelles. D’une part, parce que du point de vue des sources de légitimation de leur activité, qui reposent essentiellement sur la publication d’articles dans des revues référencées, l’image n’intervient que de façon secondaire. D’autre part, parce que les chercheurs en mathématiques prennent rarement en compte les dimensions cognitives de leur recherche et les conditions socio-culturelles de leur production scientifique.
C’est à la mise en lumière et à l’explicitation de ces multiples dimensions qu’est consacrée cette thèse. Deux thèmes la traversent tout entière : d’une part, le rôle et la place des représentations visuelles dans les pratiques graphiques des mathématiciens, tant pour la validation que pour la conceptualisation des connaissances ; d’autre part, le rôle de médiation joué par les ressources visuelles dans les activités scientifiques envisagées comme processus de communication.

Abstract :

Mathematicians often feel embarrassed with the question of images. They talk about images in an ambivalent way while using them all the time. Indeed, visual ressources take part in the production and in the transmission of knowledge — in cognitive and epistemic meaning — as well as in the construction and in the realisation of scientific communities of researchers — thus participating in socialisation and mediation processes.
In this context, how can we explain this ambivalence ? We could think of the influence of the formalist tradition, which rejected the use of visual ressources for the benefit of the formal writing in the processes of exposition and of validation of mathematical knowledge. But this explanation seems too short in regard to nowadays lose of supremacy of formalism.
Our hypothesis is that mathematicians are generally not aware of the role of images in their conceptual as well as communicational activities. There are two reasons. On the one hand, according to the means of legitimacy of their activity — relying on the publication of articles in recognised newspapers — images only appear in a second role. On the other hand, mathematicians scarcely take into account the cognitive and socio-cultural dimensions of their scientific production.
The aim of this stuy is to underline and to explain these multiple dimensions. Two themes are more deeply tackled. On the one hand, the role and place of visual representations in the graphical practices of mathematicians, to validate as well as to conceptualise knowledge. On the other hand, the role of mediation played by visual means in the scientific activities, thus considered as processes
of communication.