Maison d’Ailleurs (musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires)
1 mai 1976Présentation de la Maison d’Ailleurs sur son site :
La Maison d’Ailleurs est un musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires à Yverdon-les-Bains (Suisse). C’est une fondation à but non lucratif qui poursuit une double vocation de musée grand public et de centre de recherche spécialisé.
1952: Pierre Versins – qui ne s’appelle pas encore ainsi – séjourne à Leysin pour se remettre des vicissitudes de la Guerre. On lui apporte de France les 4 premiers volumes de la Collection “Anticipation” que viennent de publier les Editions Fleuve Noir et qui n’ont pas encore gagné les montagnes helvétiques. Sans que personne ne le soupçonne, pas même Jacques qui deviendra Pierre, la Maison d’Ailleurs vient de naître. Ces 4 volumes sont aujourd’hui visibles dans la Bibliothèque du Musée. Quelques mois avant, Hachette/Gallimard avaient crée “Le Rayon fantastique”. Octobre 1953, sorti du No 1 de la revue “Fiction”. Désormais tout s’enchaîne très vite et Pierre est pris dans l’engrenage de la SF qui ne le lâchera plus, même si aujourd’hui il a quitté Yverdon-les-Bains et laissé derrière lui la Maison d’Ailleurs où s’entassent toutes les richesses, les coups de coeur et les découvertes qu’il a accumulés pendant trente ans de sa vie.
Pourquoi ce nom de “Maison d’Ailleurs”? En 1957, la SF est dans l’air. Pierre, établi alors à Lausanne, rencontre au gré des hasards, quelques passionnés du genre. Et pour mieux discuter de cet engouement commun, il fonde le Club Futopia, dont il est le président. Qui dit Club dit Bulletin. En octobre 1957, sort le No 1 de la revue “Ailleurs”, réservée aux “Futopiens” et ancêtre des fanzines français. Le nombre des membres croit très vite, partis de 6 Lausannois, ils se retrouvent près de 200, dont une majorité de Français et quelques collectionneurs acharnés dont le virus va contaminer beaucoup d’autres.
Pierre, lui, vit sa passion en grande dimension. Les livres et les objets s’accumulent. Il ratisse large, passant au peigne fin des boutiques entières et des dépôts à la recherche de merveilles, comme les oeuvres de Raymond Roussel, aujourd’hui rééditées mais alors introuvables et qu’il dénicha pourtant à force de persévérance. L’appartement ne peut plus tout abriter. Il déménage, cherchant des murs pour y installer ses bibliothèques. Une grande exposition de ses collections est organisée en 1967, à la Kunsthalle de Berne, grâce à son conservateur éclairé Harald Szeemann. C’est la consécration. L’expo est montrée la même année à Paris, au musée des Arts décoratifs (dans une aile du Louvre) et en 1968 à Düsseldorf.
Puis Pierre Versins s’installe dans une ferme à Rovray où il met la dernière main à son Encyclopédie. La collection s’accroît toujours. A-t-il le droit de garder pour lui seul ces trésors, dont certains constituent de vraies “pièces de musée”? Il décide alors d’en offrir la totalité à la Ville d’Yverdon, à charge pour elle de fournir les locaux qui en feront un musée. N’ayant pas oublié “Ailleurs” qui unissait les Futopiens dont beaucoup fournirent eux aussi quelques pièces rares pour compléter les collections versiniennes. En particulier Jacques Bergier dont la générosité n’avait d’égale que la gentillesse et plus tard Forrest J. Ackerman, le plus grand collectionneur des Etats-Unis. Ainsi était inaugurée le 1er mai 1976 la Maison d’Ailleurs, réunissant alors environ 50.000 documents, rassemblés en 25 ans de passion.
Martine Thomé
Accéder au site de la Maison d’Ailleurs