Colloque « ETHNOTECHNOLOGIE PROSPECTIVE (2) : APPRENDRE » (Cerisy, 9 au 16 juin 2011)

17 février 2011 0 Par Administration
DU JEUDI 9 JUIN (19 H) AU JEUDI 16 JUIN (14 H) 2011

Pour suivre l’évolution de la programmation de ce colloque, ou pour s’y inscrire, aller sur la page d’accueil du site du colloque : http://www.ccic-cerisy.asso.fr/ethnotechnologie11.html


ETHNOTECHNOLOGIE PROSPECTIVE (2) : APPRENDRE


DIRECTION : Elie FAROULT, Thierry GAUDIN, Jacques PERRIAULT


ARGUMENT :

Le terme « ethnotechnologie » désigne, à l’origine, l’étude des interactions entre techniques, technologies et société. Elle partage certains intérêts avec le domaine « sciences, techniques, société » et avec la médiologie, qui étudie les effets symboliques des techniques. La notion d’empreinte de la technique, introduire dès 1984, suggère que la pratique des techniques provoque des apprentissages induits.

Dans le cadre d’un changement de paradigme qui traduit le passage d’une civilisation industrielle vers une communauté du vivant, la question de la relation entre techniques et société, objet de l’ethnotechnologie, est capitale pour comprendre et anticiper les évolutions récentes de nos sociétés. Le choix alternatif entre l’acceptation des techniques résolvant tous les problèmes socio-économiques et le refus des techniques considérées comme « nécrophages » est bien trop schématique. C’est par un approfondissement des relations qui relient ces deux domaines et par une vision prospective à long terme que l’on envisage de poser la question d’une manière ouverte, internationale et coopérative.

Alors qu’un premier colloque, en 2009 (publié sous le titre L’empreinte de la technique. Ethnotechnologie prospective, L’Harmattan, 1010) a exploré différents domaines (la mesure, la santé, l’agriculture, les villes, la culture des TIC), celui-ci sera centré plus particulièrement sur l’apprendre: comment apprend-on, individuellement et collectivement? Comment préparer les nouvelles générations aux civilisations futures? Quelles relations entre apprendre, innover et développer? Quels sont, à cet égard, les enseignements que l’on peut tirer des neurosciences, de la biologie, des technologies de l’information et de la communication?

Quels sont aussi les effets des outils techniques, particulièrement des outils de communication sur l’enseignement, la santé, la relation avec la nature, les cultures, les fonctionnements sociaux? Qu’est-ce que la prise de conscience de notre relation à la nature et à notre environnement introduit comme responsabilité de nos générations par rapport aux générations à venir?


COMMUNICATIONS :

Aujourd’hui, à l’ère postindustrielle, qu’est-ce qui marque le processus d’apprentissage? (Thierry GAUDIN)
* Georges AMAR: L’enseignement de et par la poésie
* Jean-Eric AUBERT: Présupposés ethnologiques de l’apprentissage et de l’innovation
* Vincent BONTEMS: Individuation et progrès des techniques
* Thierry GAUDIN: Les enseignements de la socianalyse
* Juliette GRANGE: Science et croyance dans l’ère postindustrielle
* Armand HATCHUEL: Quel régime de conception pour les techniques de demain?
* Clarisse HERRENSCHMIDT: Langues et cultures, enseignement des différences
* Jean-Pol TASSIN: Neurosciences et éducation
* Marc TIREL: Comment les internautes apprennent? Le cas de Twitter

Apprendre, enseigner: les pratiques (Elie FAROULT)
* Daniel ANDLER & Elena PASQUINELLI: L’éducation: comment science et technologie vont-elles changer la donne?
* Elie FAROULT: Les stratégies d’enseignements supérieurs des quatre continents: Etats Unis, Chine, Europe, Inde

1) Apprendre ou apprendre à être
* Francis DANVERS: Apprendre à devenir: utopie d’une société de l’apprenance?
* Josée LANDRIEU: Comment enseigner ce qui n’est pas stabilisé?
* Norbert PAQUEL: Apprendre la santé avec de nouveaux outils
* Anne QUERRIEN: La place de l’autre dans les relations d’apprentissage
* Claude ROCHE: Enseignements et questions sur une expérience de refonte de la formation d’ingénieurs: savoir faire collectif, connaissance finalisée et autoformation

2) Apprendre pour changer la société
* Marie-Ange COTTERET: Métrologie et mesure, entre science et conscience
* Claire HÉBER-SUFFRIN: Le futur de la formation: une affaire de réseaux et de présence
* Lionel LARQUÉ: Enseignement formel/enseignement informel: le cas des petits débrouillards
* André MALICOT: Enseigner la pratique: l’exemple des compagnons du devoir
* Richard PETRIS: L’école de la Paix

3) Les enseignements agricoles
Table ronde avec Bernard HUBERT, Michel GRIFFON et Henry-Hervé BICHAT

Evolutions et mutations de la construction et de la diffusion des savoirs (Jacques PERRIAULT)
* Michel ARNAUD: Un apprentissage de la démocratie
* Jean-Hugues BARTHÉLÉMY: Institutions de programmes, industries de programmes et technologies relationnelles: un défi éducationnel
* Bernard BLANDIN: Vers une économie de l’apprendre?
* Anne-Marie BOUTIN: La méthodologie du design peut-elle structurer les enseignements?
* Jacques PERRIAULT: La recherche a-t-elle fait évoluer l’enseignement?
* Françoise ROURE: Les outils de connaissance à l’échelle nanométrique

Les enseignements sont-ils toujours dans l’enseignement? Apprendre la sobriété heureuse, table ronde de synthèse avec la participation de Matthieu CALAME


RÉSUMÉS :

Jean-Hugues BARTHÉLÉMY: Institutions de programmes, industries de programmes et technologies relationnelles: un défi éducationnel
On nomme « institutions de programmes » les institutions qui, comme l’Ecole, définissent des programmes de formation, tandis que les « industries de programmes » sont ce qu’Adorno et Horkheimer nommaient les « industries culturelles » (Kulturindustrie), telle la télévision. Or, si l’on sait désormais dénoncer la concurrence déloyale que font peser les secondes sur les premières, et les nuisances ainsi produites relativement au désir d’apprendre et à la capacité d’attention des nouvelles générations, on sait sans doute moins envisager que les nouvelles « technologies relationnelles » comme internet, au lieu d’aggraver encore la situation tant dénoncée depuis dix ans par les enseignants, peuvent devenir la solution au problème. Pourtant, comme le montre Bernard Stiegler, le « poison » technologique est aussi le remède. Telle est la « pharmacologie de l’esprit » requise par le défi éducationnel tout à fait inédit auquel les enseignants, de manière unanime, disent devoir faire face. Et cette pharmacologie appelle également une « culture technique » dont Simondon avait commencé de théoriser l’élaboration pour la future Ecole.

Jean-Hugues Barthélémy (ENIB/Paris 8), directeur des Cahiers Simondon, directeur du séminaire « Individuation et technique » (2009-2011) de la MSH Paris-Nord, est membre du Conseil d’administration d’Ars industrialis. Il est l’auteur de Simondon ou l’Encyclopédisme génétique (P.U.F., 2008), ainsi que des deux volets de Penser l’individuation (L’Harmattan, 2005), et a coordonné en 2006 le numéro « Gilbert Simondon » de la Revue philosophique (P.U.F).

Bernard BLANDIN: Vers une économie de l’apprendre?
En introduction, l’auteur positionne son propos par rapport aux théories de l’économie de l’éducation, qui se réfèrent généralement à la théorie du capital humain. Il propose une approche fondée non sur des modèles de retour sur investissement, mais sur des modèles d’efficience des apprentissages appuyés sur les sciences de l’éducation. Il démontre d’abord la faillite du modèle industriel de l’éducation à distance qui a servi pendant près de quarante ans de modèle d’efficience, du fait de la nécessité du tutorat qui réintroduit des coûts variables. Il étudie ensuite l’efficience de diverses modalités pédagogiques à partir de méta-analyses d’études comparatives (Problem-Based Learning, e-Learning), de travaux de recherches (simulations) ou d’études historiques (enseignement mutuel). Il en tire quelques éléments en faveur d’une « économie de l’apprendre » qui met l’efficience des situations pédagogiques au cœur du modèle économique, et dont il appelle de ses vœux le développement.

Bernard Blandin est architecte, ingénieur, titulaire d’un doctorat en sociologie et habilité à diriger les recherches (HDR) en sciences de l’éducation. Il est actuellement chercheur associé au CREF (EA 1589 – Université Paris Ouest Nanterre) et directeur de recherches au CESI (Laboratoire d’ingénierie des environnements d’apprentissage – LIEA).
Bibliographie récente sur le sujet:
BLANDIN, B. (2010) « Quelques effets des instruments de communication sur la relation pédagogique », in GAUDIN, T. & FAROULT, E. (coord.) L’empreinte de la technique. Ethnotechnologie prospective. Paris : L’Harmattan, p. 217-228.
BLANDIN, B. (2009) « Objet, savoir, apprentissage », in BAILLE, J. (dir) Du mot au concept: objet. Grenoble: Presses de l’université de Grenoble, p. 109-121.
BLANDIN, B. (2008) « Impact du dispositif sur les processus d’apprentissage », in ENLART, S. Formation: les dispositifs en question. Paris: Editions Liaisons, p. 27-38.
BLANDIN, B. (2007) Les environnements d’apprentissage. Paris: L’Harmattan.


Francis DANVERS: Apprendre à devenir: utopie d’une société de l’apprenance?
L’exposé proposera un cheminement à parti rde certains mots-clefs: Accompagnement; (posture professionnelle de l’…); Acquis (validation et valorisation); Apprentissage (théories de l’…); Apprendre (désir et liberté d’); Biopouvoir; Communication; Compétences (paradigme des…); Complexité (épistémologie de la…); Créativité; Education (non formelle, formelle, informelle); Expérience (retour d’); Entreprendre (projet d’); Homme neuronal; Information (technologies de l’…); Interactions (Sciences et Sociétés); Interdisciplinarité; Motivation (à apprendre…); Mutations (territoriales); Orientation pro-active;  Prospective (histoire de la…); Reconnaissance (parcours de la …); Réflexivité; Savoirs (mutations des); Sérendipité;  Utopies éducatives

Professeur de psychologie de l’éducation, Francis Danvers dirige le SCUIO-IP de l’Université de Lille 3
Vice-président de l’Université populaire de Lille depuis 2004, il est membre du Collège régional de prospective Nord-Pas-de-Calais et du conseil scientifique de Sciences Po Lille.
Enseignant-chercheur au Laboratoire Profeor-CIREL (EA 4354). Université « C. de Gaulle » de Lille III. UFR des sciences de l’éducation, Domaine « Pont de Bois ».
Ouvrage de référence: S’orienter dans la vie : une valeur suprême? Essai d’anthropologie de la formation (Dictionnaire de sciences humaines. 500 entrées), Villeneuve d’Ascq,  Septentrion, Collection « Métiers et pratiques de formation », 656 p.


Claire HÉBER-SUFFRIN: Le futur de la formation: une affaire de réseaux et de présence
N’est-ce pas d’une culture nouvelle et en construction dont il s’agit? N’y a-t-il pas, dans « les réseaux », système dont nous savons mal voir la structuration, une puissance démocratique que nous ne savons encore ni bien voir, ni bien accompagner, ni bien réguler, ni bien conjuguer avec d’autres dimensions des organisations? Ne risquons-nous pas de revenir très vite aux organisations que nous avons apprises, centralisatrices, verticales, binaires, et ce, sous prétexte d’efficacité, celles que nous savons évaluer, comptabiliser? J’indiquerai les six questions à se poser, me semble-t-il, pour fonctionner en réseaux transversaux et ouverts. Je développerai, en particulier, la notion de « communal-réseau » (les réseaux comme les communaux symboliques, sociaux et culturels de notre temps). J’essaierai de montrer la puissance de l’organisation de réseaux en présence pour l’éducation et la formation, en particulier si la réciprocité formatrice, démarche de formation efficace, peu conscientisée et sous-utilisée, les traverse ; et comment et à quelles conditions l’organisation en réseaux est nécessaire à la mise en œuvre et à l’efficacité de la réciprocité formatrice, comment et à quelles conditions la réciprocité formatrice est créatrice de réseaux en élargissant et en diversifiant les territoires sociaux et culturels. Enfin, je conclurai sur les enrichissements réciproques possibles des réseaux en présence et des réseaux à distance.

Initiatrice des réseaux d’échanges réciproques de savoir, présidente d’honneur de l’association française des RERS. Auteur et coordinatrices d’ouvrages sur les RERS, la formation réciproque en réseaux ouverts, la réciprocité en éducation et en formation… Doctorat en psychosociologie des groupes en éducation et en formation.
Bibliographie partielle:
Claire Héber-Suffrin, et Gaston Pineau (coordination), 2000, Réciprocité et réseau en formation, Arcueil, Education Permanente, n°144.
Claire Héber-Suffrin (coordination), 2004, Quand l’Université et la Formation réciproque se croisent. Histoires singulières et histoire collective de formation, Paris, L’Harmattan.
Claire Héber-Suffrin (coordination), 2004, Echanger des savoirs à l’école, Abécédaire pour la réflexion et l’action, Lyon, Chronique sociale, préface de Philippe Meirieu.
Claire Héber-Suffrin (coordination), 2005, Pratiquer la formation réciproque à l’école. Quand l’échange réciproque de savoirs est au centre du système scolaire, Lyon, Chronique sociale, préface de Jacques Pain.
Claire et Marc Héber-Suffrin, 2009, Savoirs et Réseaux, Nice, Ovadia, préface de Philippe Meirieu, Postface de André Giordan.


Anne QUERRIEN: La place de l’autre dans les relations d’apprentissage
Une question inspirée par l’expérience psychanalytique: l’altérité, en constitue le moteur quand bien même sujet et objet de la recherche, de l’apprentissage, se confondent. L’école devient efficace, capable de toucher le plus grand nombre, le jour où elle devient collective. La présence d’un grand nombre d’élèves face aux maîtres n’est plus considérée comme une gêne mais articulée comme un atout dans une forme pédagogique nouvelle. A condition d’instituer fortement la figure de l’Autre. Avec l’école mutuelle, c’est un mouvement collectif vers le savoir qu’on entend organiser, en tablant sur les différences de connaissance entre les uns et les autres, et l’Autre devient la connaissance elle-même. L’agencement de la figure de l’autre dans l’espace de l’école « normale », dans les technologies éducatives commerciales, dans les jeux pédagogiques, recentre le sujet sur soi et bride les apprentissages, après l’avoir soutenu. Quelles installations de situations d’apprentissage pourraient embrayer sur les multiples dimensions sensibles et abstraites co-présentes?

Anne Querrien, sociologue, animé successivement les revues Education Permanente ( Directeur Bertrand Schwartz à l’Institut national pour la Formation des adultes 1968-1971), Recherches ( Directeur Félix Guattari 1973-1978)  et Les Annales de la Recherche Urbaine.
Elle a travaillé sur l’histoire de l’école primaire et du collège en France, sur l’histoire de la formation du Corps des Ponts et Chaussées, et enseigné la sociologie urbaine des les universités de Paris I, Evry et Paris VIII. Elle a publié dans la revue Recherches puis en livre: L’école mutuelle : une pédagogie trop efficace ? Seuil/Les empêcheurs de penser en rond, 2004.

Marc TIREL: Comment les internautes apprennent? Le cas de Twitter
Depuis 2005, avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’outils et de services web, les usages et comportements de nombreux internautes se sont sensiblement modifiés. En tant qu’usager de nombre de ces services et en analysant dans le détail l’un d’entre-eux, « Twitter », je tenterai de discerner, formaliser et de comprendre les émergences en cours. Celles-ci concernent aussi bien l’individu et sa capacité à se comporter, à être et à apprendre différemment que les relations inter-personnelles et les nouvelles formes de l’apprendre ensemble.
La démarche sociologique d’analyse des réseaux sociaux est d’ailleurs l’objet d’un regain d’intérêt sous le déferlement des « Facebook » et autres consorts… Au-delà de ces émergences, la rapidité et l’accélération continue des phénomènes en cours posent de nombreuses questions dans différents registres: capacités d’adaptation tant individuelles que collectives, formes d’organisation et institutions, transformation des valeurs, responsabilités et possibles à créer,. Mais aussi: qu’est-ce qu’apprendre? et que devient-il fondamental d’apprendre? Ces réflexions et questionnements permettront, je l’espère, à certains d’aller expérimenter et à d’autres d’aller au-delà des certitudes et des lieux communs.

De 2000 à 2004, Marc Tirel était responsable du développement du « e-learning » pour le Groupe Schneider Electric, s’appuyant sur le management collaboratif pour initier et déployer avec succès une dynamique de projets dans 40 pays avec un budget sous contraintes. Co-fondateur de la société « Savoirs Pour Tous » (http://www.savoirspourtous.com/Libre-de-me-former-Libre-de.html) et membre fondateur du collectif « Les Explorateurs du Web » (http://explorateursduweb.com/blog/flux), pratiquant et acteur engagé du management collaboratif et du « web social », il s’investit aujourd’hui sur  les transformations engendrées par les organisations en réseaux. Il intervient spécifiquement sur l’agilité opérationnelle, la « propagation organique », la re-considération des richesses, la mise en place de nouveaux indicateurs et de monnaies, les nouvelles façons de former et d’apprendre. Membre actif ou co-fondateur de différentes associations et collectifs (Society for Organizational Learning, The Transitioner, Les Valeureux, Les Explorateurs du Web, Planète du 3ème millénaire, Club de Budapest), Marc est un connecteur d’idées, de personnes, de projets, d’entreprises au service d’émergences dont le monde a besoin.
Liens vers 3 articles parus en 2008: « de la formation à l’Apprenance »:
http://inprincipo.com/fr/de-la-formation-a-lapprenance-1-3, http://inprincipo.com/fr/de-la-formation-a-lapprenance-23, http://inprincipo.com/fr/de-la-formation-a-lapprenance-33
Ici des billets sur le Colloque « Educa On-Line » de Berlin 2007 et 2008:
http://connecteur.blogspirit.com/archive/2007/12/01/on-line-educa-berin.html; http://connecteur.blogspirit.com/archive/2008/12/30/educa-on-line-2008.html
Ainsi que ceci paru en 2006:
http://connecteur.blogspirit.com/archive/2006/11/01/favoriser-l-apprentissage-informel.html; http://connecteur.blogspirit.com/archive/2006/10/31/apprendre-ou-etre-forme.html


Avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme