Allamel-Raffin, Catherine, « La production et les fonctions des images en physique des matériaux et en astrophysique » – doctorat en épistémologie et histoire des sciences et des techniques, Strasbourg : Université Louis Pasteur, 2004

10 novembre 2004 0 Par Catherine Allamel-Raffin

Thèse de doctorat en Épistémologie et Histoire des sciences et des techniques. Soutenue le 26 novembre 2004 à l’Université à Strasbourg.

Jury :

  • M. B. Ancori, Professeur à l’Université de Strasbourg I ( Directeur de thèse)
  • M. B. Jurdant, Professeur à l’Université Paris VII (Co-directeur)
  • M. B. Carrière, Professeur à l’Université de Strasbourg I (Rapporteur interne)
  • M. J.-P. Deville, Directeur de recherche au CNRS (Examinateur)
  • M. I. Hacking, Professeur au Collège de France et à l’Université de Toronto ( Rapporteur externe)
  • M. Y. Jeanneret, Professeur à l’Université de Paris IV (Rapporteur externe)
  • M. D. Harris, Astrophysicien au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics (Invité)

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Annexe 1 (format pdf)

Annexe 2 (format pdf)

Annexe 3 (format pdf)

Résumé :

Notre objet d’étude est constitué par les images scientifiques produites dans le cadre de la recherche dans deux domaines déterminés, la physique des matériaux et l’astrophysique. Notre matériau empirique a été assemblé à l’occasion de séjours prolongés dans deux laboratoires, le Groupe Surfaces/Interfaces (GSI) appartenant à l’IPCMS (Institut de Physique et Chimie des Matériaux de l’ULP à Strasbourg) et le Center for Astrophysics de Harvard (CfA) à Cambridge aux États-Unis. Le fait de retenir deux laboratoires correspond à la volonté d’établir une comparaison entre la production et les fonctions des images dans le cadre d’une science expérimentale et dans celui d’une science observationnelle, afin de dégager d’éventuelles différences ou, à l’inverse, de souligner une parenté profonde.
Dans la première partie de l’introduction consacrée à un état de la question sur l’image en général, nous opérons un certain nombre de restrictions initiales. En effet, il est beaucoup question, de nos jours, de l’importance croissante que prennent les images dans le cadre de notre vie quotidienne, de nos activités cognitives et pratiques les plus simples aux plus sophistiquées. Afin d’éviter les faux débats relatifs à notre objet d’étude, nous avons fait le choix de réduire d’emblée la polysémie du terme « image ». Première restriction : pour nous, sera appelée image toute représentation visuelle bidimensionnelle, supposant pour exister un support matériel. En tant que telle, l’image entre en relation avec trois autres termes : « l’imagé », le producteur et le récepteur (ces deux derniers pouvant être des individus ou des collectivités). Cette première définition sommaire nous permet d’éliminer du champ de notre réflexion les images psychiques, les images sensorielles non visuelles, les images langagières. Nous opérons ensuite une deuxième restriction à partir de la recension des principaux griefs adressés à l’image tout au long de l’histoire de la pensée occidentale : la polysémie, l’appauvrissement par rapport au réel, l’illusionnisme, la passivité du récepteur, l’influence d’ordre psychologique qu’elle est susceptible d’exercer sur ce dernier. Les deux derniers griefs renvoient d’abord et surtout aux œuvres d’art (peinture, bande dessinée, cinéma) et aux productions télévisuelles. Les trois premiers, en revanche, réapparaîtront dans les chapitres suivants. Les images scientifiques peuvent en effet comporter trop d’information, ou trop peu, ou nous fournir une vision trompeuse de la réalité.
Dans une deuxième partie de l’introduction, nous établissons une rapide recension des études portant spécifiquement sur les images scientifiques. La récolte s’avère infiniment plus maigre que pour l’image artistique ou l’image publicitaire, par exemple. C’est surtout dans les domaines de la didactique et de la vulgarisation des sciences que des études ont été menées. La production des images scientifiques, quant à elle, a été largement négligée, même si elle est abordée de manière indirecte dans quelques travaux d’envergure (P. Galison, 1997; L. Daston et P. Galison, 1992; K. Amann et K. Knorr-Cetina, 1988, 1990 ; M. Mercier, 1991 ; M. Sicard, 1996, 1998; etc.). Pourtant, les images constituent des éléments essentiels dans l’activité et la communication scientifiques. Notre visée principale consistera à nous pencher sur les pratiques relatives aux images afin de retracer la genèse de ces dernières et de saisir leurs fonctions. Il nous semble que le fait de s’intéresser aux façons dont les images sont produites et utilisées peut s’avérer d’une grande fécondité heuristique pour qui cherche à comprendre en quoi consiste l’activité scientifique.
Les questions fondamentales auxquelles il s’agira de répondre sont, somme toute, fort simples: celui qui pénètre pour la première fois dans un laboratoire de physique des matériaux ou d’astrophysique est frappé par l’extraordinaire profusion d’images que l’on y découvre ainsi que par leur variété. Pourquoi les scientifiques passent-ils autant de temps et d’énergie à produire des images ? Est-il possible d’établir une classification de ces images ? Si oui, quels critères retenir ? Quelles sont les fonctions de ces images dans le processus de recherche, qui va de leur production à leur publication ? Quels rapports ces images entretiennent-elles avec les objets étudiés ? Certaines images (et pas d’autres) semblent avoir un statut probatoire. Pourquoi ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que certaines images puissent acquérir un tel statut ? Que peut-on dire des liens entre les images et la réalité ? Y a-t-il des différences ou des ressemblances significatives entre les images produites dans le cadre d’une science expérimentale (la physique des matériaux) et celles produites dans le cadre d’une science observationnelle (l’astrophysique) ?
Dans une troisième partie de l’introduction, nous précisons la démarche qui a présidé à la rédaction de cette thèse. Cette démarche se veut pluridisciplinaire, l’ensemble de notre travail ayant pour ambition de contribuer à ce que nous appelons, faute de mieux, une « épistémologie pratique ». Il s’agit en fait de confronter des éléments de l’appareil conceptuel élaboré notamment par la philosophie des sciences, à notre matériau ethnographique. Celui-ci est constitué des comptes-rendus d’observation de l’activité quotidienne des scientifiques du GSI et du CfA et de 48 entretiens semi-directifs ayant pour thème principal l’image (la retranscription intégrale de ces entretiens est jointe en annexe de la thèse). Le but d’une telle épistémologie pratique est de donner chair à certains concepts, quitte à repréciser leurs contours en raison de la diversité de leurs champs d’application. Nous faisons également des emprunts à d’autres champs disciplinaires, en particulier aux sciences de l’information et de la communication, dans le chapitre où nous proposons une étude sémiotique des images produites dans les deux laboratoires (chapitre 3), et dans celui où nous analysons les ressources argumentatives qu’offrent les images dans le cadre des publications scientifiques (chapitre 6).
La thèse est organisée en quatre parties : la première pose le cadre de notre étude. La deuxième partie vise à préciser les caractéristiques des images produites dans les laboratoires retenus. La troisième traite de leur valeur probatoire. La quatrième, enfin, est consacrée aux liens que l’on peut établir entre les images et la réalité.

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