Quet, Mathieu. Politiques du Savoir : Une approche communicationnelle des rapports entre sciences, technologies et participation en France (1968-1983), thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, EHESS, 2009.
8 décembre 2009Thèse soutenue soutenue publiquement par Mathieu Quet le 8 décembre 2009.
Jury :
- Michel CALLON – École Nationale Supérieure des Mines de Paris
- Yves JEANNERET – Université d’Avignon (co-directeur)
- Baudouin JURDANT – Université Paris Diderot/EHESS, Paris (directeur)
- Joëlle LE MAREC – École Normale Supérieure LSH, Lyon (rapporteur)
- Dominique PESTRE – EHESS, Paris
- Bernard SCHIELE – Université du Québec à Montréal (rapporteur)
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Résumé :
Le champ scientifique n’a pas été épargné par les contestations sociales de l’après 1968. Au cours des années 1970, il fait l’objet de débats intenses et se trouve sous le feu de critiques en provenance de milieux divers. Militants, universitaires, ou encore journalistes et administrateurs de politique de recherche s’interrogent sur les voies d’un développement scientifique et technologique plus démocratique. Dans ce contexte, de nouvelles manières de dire la science et de régler ses rapports avec le politique apparaissent. Un régime de discours émerge, réclamant la participation du public aux choix scientifiques et technologiques.
L’analyse de cette émergence est l’objet de ce travail. L’apparition d’une exigence de participation aux sciences et aux techniques est décrite, à travers l’étude de trois pôles de réflexion particulièrement attentifs à la question de la participation : le courant d’autocritique des sciences, la division des politiques scientifiques de l’OCDE et la nouvelle sociologie des sciences.
L’approche privilégiée est généalogique et centrée sur les discours. Elle permet d’observer à la fois la diversité des conceptions de la participation en jeu à cette époque, et la façon dont elles s’articulent pour donner lieu à une définition commune. De plus, elle invite à reconsidérer les enjeux de la participation à l’aune de son inscription historique. L’exigence participative formulée au cours des années 1970 joue un rôle dans la généalogie de la participation contemporaine, mais ne s’y réduit pas. Elle couvre un champ de significations variées qu’il importe de mieux caractériser. Ceci conduit à prendre la mesure des autres interprétations, mais aussi des autres « modes de gouvernementalité » auxquels correspond la participation. Une attention spécifique est portée au modèle de la politique expérimentale.
Le premier chapitre, sur les modes de désignation du pouvoir, fonde la démarche théorique et méthodologique adoptée, et indique la perspective d’une approche communicationnelle. Puis, après un état des lieux des discours sur « science et politique » au tournant des années 1970 (chapitre 2), l’analyse porte successivement sur trois définitions émergentes de la participation, données par la critique des sciences, l’OCDE et le domaine STS (chapitres 3, 4, 5). Le chapitre 6 analyse les opérations de circulation par lesquelles ces définitions se rencontrent et forment un régime de discours nouveau. Ce régime de discours, en reconfigurant les représentations de la science et de la politique, impose des modes de gouvernement. L’un d’eux fait l’objet d’une analyse plus développée et sera caractérisé par l’expression de « politique expérimentale ».