Recrutement d’un chercheur post-doctorant en sciences de l’information et de la communication, sociologie ou science politique

2 octobre 2010 Non Par Administration

Résumé :

Dans le cadre de l’étude « Ressources génétiques » : histoire de l’évolution d’un concept en relation avec celui de biodiversité » discours et pratiques d’acteurs autour de l’articulation du sauvage et du domestique, la FRB recrute un post-doctorant pour une durée de 24 mois, accueilli par l’équipe « Communication, Culture et Société » (ENS Lyon) du Centre Norbert Elias (UMR 6285) en partenariat avec l’Unité URFM INRA Avignon. Domaines de recherche : sciences de la communication, socio-anthropologie de l’environnement, études « STS » (Sciences, technologies et société »)

Descriptif du poste :

Durée : 2 ans (démarrage le 1er décembre 2010), emploi à temps plein.

Salaire : 2500 € brut/mois avec prise en charge des frais de mission par la FRB

Financement : Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité

Institution de rattachement : Centre Norbert Elias (UMR 6285), équipe « Communication, Culture et Société », École Normale Supérieure de Lyon ; partenariat avec l’URFM de l’INRA d’Avignon.

La co-direction du post-doc sera assurée par Igor Babou (maître de conférences Habilité à Diriger des Recherches en sciences de l’information et de la communication, Centre Norbert Elias – UMR 6285, équipe « Communication, Culture et Société » ENS Lyon) et Francois Lefèvre (DR Habilité à Diriger des Recherches, URFM – Écologie des Forêts Méditerranéennes, INRA Avignon)

Un comité de pilotage assurera un suivi du projet

Un bureau partagé avec un doctorant sera alloué à la personne recrutée.

Fonctions :

- Élaboration théorique et réalisation des enquêtes sur le terrain, qui pourront se dérouler dans plusieurs régions françaises. Réalisation d’entretiens, transcriptions, observations de pratiques. Constitution et analyse des corpus de textes scientifiques, de documents, et de médias (presse écrite, web, etc.)
- Rédaction du rapport de mi-parcours, en collaboration avec les deux co-directeurs
- Rédaction du rapport final, en collaboration avec les deux co-directeurs
- Participation à l’organisation et à l’animation du comité de pilotage du projet réuni tous les trois mois.
- Participation à l’organisation et à l’animation d’un séminaire réunissant des chercheurs invités et des membres du comité de pilotage du projet environ tous les deux mois.
- Participation au séminaire de recherche et aux manifestations scientifiques organisées autour du projet

Compétences requises :

- Doctorat en sciences sociales (sciences de l’information et de la communication, sociologie ou science politique)
- Le/la candidat/e doit avoir soutenu sa thèse avant fin 2010.
- Domaines de recherche : analyse communicationnelle, sociologie des sciences, socio-anthropologie de l’environnement, politiques publiques des sciences et de l’environnement
- Le/la candidat/e aura une bonne connaissance des problématiques du champ « STS » (Sciences, technologies et société), ainsi que de celles de l’étude des relations entre l’homme et la nature. Il devra être capable d’articuler les champs théoriques de l’épistémologie, de l’analyse de discours et de l’analyse communicationnelle à une pratique de l’enquête qualitative
- Une formation initiale dans un domaine des sciences de la vie (biologie végétale, génétique, écologie) sera fortement appréciée
- Le/la candidat/e devra faire preuve d’autonomie et de créativité conceptuelle et méthodologique. Il travaillera dans un contexte de co-direction interdisciplinaire (biologie et sciences de la communication) et au sein d’une équipe de recherche basée à Lyon et développant une approche ethno-sémiotique qu’il conviendra de s’approprier de manière créative

Contacts :

Merci d’envoyer votre dossier de candidature (copies des diplômes, rapport de soutenance de thèse, lettre de motivation, CV et liste de publications s’il y en a) aux trois adresses suivantes (enlever les « (at) » antispam dans les adresses mail) :

co-encadrants :

Igor Babou : igor.babou (at) ens-lyon.fr

Francois Lefèvre : francois.lefevre (at) avignon.inra.fr

pour la FRB :

isabelle.bonnin (at) fondationbiodiversite.fr

Date limite d’envoi des dossiers de candidature : 15 novembre 2010

Les candidats retenus seront informés et reçus pour un entretien.

Présentation de la problématique :

Le présent projet de post-doctorat part d’un ensemble de questions soulevées par l’évolution de la notion de « ressources génétiques »1, dont les usages ont fortement évolué depuis 40 ans, et se sont notamment déplacés entre des communautés de chercheurs en sciences de la vie et des communautés d’acteurs très différents (agriculteurs, gestionnaires, etc.). Nous souhaitons travailler sur l’hypothèse que ces usages pourraient être structurés par des oppositions plus ou moins implicites entre des domaines d’activité plutôt préoccupés du « sauvage » ou bien plutôt préoccupés de la gestion du « domestique ». La recherche se focalisera sur le cas des ressources génétiques végétales2.

L’enjeu du projet est aussi d’étudier les relations entre différentes communautés d’acteurs, de manière à tirer des leçons de l’analyse d’un concept « ancien » (les « ressources génétiques ») et de ses usages sociaux pour comprendre les évolutions d’un concept plus récent (la « biodiversité »), là aussi dans ses usages sociaux.

En amont de cette réflexion, ce qui paraît être en jeu c’est l’opposition entre des conceptions réductionnistes et holistes des sciences de la vie. On peut même penser que cette opposition n’est pas uniquement caractéristique des épistémologies en cours au sein du champ scientifique, mais qu’elle concerne également les luttes sociales autour de l’agriculture et de la génétique. Au plan international, on constate que si, en France, la notion de « ressources génétiques » s’est fortement recentrée sur son volet domestique, certains chercheurs, en Angleterre, développent une approche radicalement opposée et se recentrent sur le volet sauvage3.

Toujours en première analyse, on peut penser que la structuration de cette notion de « ressources génétiques » a été nourrie par des processus de circulation sociale et par des dispositifs de communication qui ont pu aussi bien favoriser que restreindre son appropriation par les acteurs : on sait aujourd’hui qu’une discipline, un concept, une pratique scientifique, ne correspondent pas uniquement à des champs discursifs internes aux sciences et relevant d’une épistémologie ou d’une histoire des idées, mais s’inscrivent dans des pratiques, des discours et des dispositifs de communication qui en assurent la formalisation, la légitimation et la circulation au sein de différentes sphères du débat public. On peut ainsi se demander si la notion de « services rendus par les écosystèmes », qui est mobilisée dans le contexte des débats autour de la biodiversité, ne fonctionne pas comme une rhétorique de légitimation visant à assurer « l’acceptabilité » sociale et politique de pratiques environnementales. On peut également se demander si cet argument utilitariste n’est pas un dénominateur commun contribuant à l’évolution des concepts de « ressources génétiques » et de « biodiversité ». Symétriquement, il conviendrait peut-être aussi d’analyser la forte critique du « ressourcisme » que l’on peut constater dans certains milieux militants écologistes ou altermondialistes (en particulier dans les rapports Nord-Sud) et qui interroge les fondements géopolitiques et économiques de la notion4. On peut enfin se demander dans quelle mesure la notion de ressources génétiques a pu s’autonomiser, et quelles interactions ont pu se construire avec les discours et pratiques qui ont inscrit la notion de « biodiversité » dans le débat public.

Pour répondre à ces questions, et vérifier les hypothèses qui orientent cette réflexion préalable, le post-doctorant devra commencer par une analyse de la littérature scientifique (en biologie, en histoire des sciences, sociologie et anthropologie des sciences, sciences de l’information et de la communication) de manière à se doter d’un cadre théorique lui permettant de construire sa problématique. L’approche ethno-sémiotique développée par l’équipe « Communication, Culture et Société » sera privilégiée, et demandera un intérêt aussi fort pour l’analyse de discours (scientifiques et/ou médiatiques) que pour l’enquête de terrain (étude des dispositifs, des jeux d’acteurs, des pratiques). Une bonne connaissance des problématiques du champ « STS » (sciences, technologies et société), du champ de la socio-anthropologie des relations homme-nature et du champ de la communication sera indispensable.

Un premier volet de questionnement apparaît nécessaire : il s’agira de comprendre la construction épistémologique, sociale et communicationnelle du concept de « ressources génétiques » à partir de l’analyse des textes scientifiques, de productions médiatiques, et des dispositifs qui en ont assuré la circulation et l’autonomisation, sans forcément présupposer l’existence d’une logique interne au champ scientifique. Il s’agira notamment de suivre les liens entre le champ conceptuel des « ressources » et celui de la « biodiversité ». Ce corpus de textes, les acteurs concernés et les dispositifs à étudier restent à ce stade, à préciser voire à découvrir.

Un second volet d’analyse concernera les régulations juridiques et politiques qui accompagnent l’émergence et l’autonomisation de la notion de « ressources génétiques ». Il s’agira de construire un corpus de textes émanant d’instances internationales ou encore des ministères concernés. Là encore, il s’agira de suivre les éventuels liens entre le champ des « ressources » et celui de la « biodiversité ».

Un troisième volet, très important pour cette recherche, consistera en un travail d’enquête de terrain notamment autour de filières où se joue la tension entre « domestique » et « sauvage ». Des études de cas, qui restent à déterminer, viendront éclairer la dimension des pratiques professionnelles et scientifiques soit dans des filières où la disjonction entre domestique et sauvage est forte, soit au contraire dans des filières où il y a continuité. Il s’agira de constituer des terrains comparatifs et de les étudier en partant des pratiques et discours des acteurs de la recherche, de l’agriculture, de l’environnement mais aussi de citoyens engagés publiquement autour de ces thèmes, avec leurs attentes sur les espaces concernés. On cherchera alors à comprendre par quelles médiations (sociales, techniques, discursives, juridiques, etc.) une représentation du sauvage et du domestique se construit, et comment les notions de « ressources génétiques » ou encore de « services rendus par les écosystèmes » peuvent s’articuler à des pratiques, les conformer, être interrogées ou dénoncées, etc.