Mathieu Quet, “L’innovation éditoriale des revues de critique des sciences”, Médiamorphoses, Hors-Série “68 et les médias, quarante ans après”, avril 2008

17 avril 2008 1 Par Mathieu Quet

Quet M., 2008, “L’innovation éditoriale des revues de critique des sciences”, Médiamorphoses, Hors-Série “68 et les médias, quarante ans après”, avril 2008, p. 225-230.

Dans de nombreux domaines, les événements de Mai 68 et des années qui succèdent correspondent à des lignes décisives de fracture historique [Feher, 2004]. De ce point de vue, alors même que les années 1945-1970 portent à son apogée la confiance dans les bienfaits du progrès scientifique [Pestre, 2003], on identifie, autour de Mai 68, une évolution importante des représentations sociales de la science. La France assiste en effet à la montée en puissance d’un mouvement général de critique du progrès, ainsi qu’à l’apparition d’une exigence inédite d’implication politique des citoyens dans les sciences et les technologies. L’un des indicateurs de cette montée en puissance est la multiplication de groupes contestant les décisions techno-scientifiques et la pratique scientifique en général [Bonneuil, 2004]. Plusieurs aspects de la contestation ont déjà été étudiés, notamment la critique du progrès et de la rationalité occidentale [Trebitsch, 2000], ou encore les mouvements écologiste [Deléage, 2004 ; Cans, 2006] et antinucléaire [Topçu, 2006]. L’une des conclusions majeures des travaux sur ces derniers souligne l’implication croissante d’un public de non spécialistes – de « profanes » – dans les choix scientifiques.
En revanche, on connaît moins le mouvement de critique de la pratique scientifique qui émerge à la même époque au sein même de la communauté scientifique, et joue un rôle essentiel dans l’évolution des rapports science/société.

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